Des comportements spécifiques et l’adoption d’un certain nombre d’habitudes, au quotidien, permettent aussi de préserver la continence ou de réduire les symptômes d’une incontinence urinaire. Ainsi, les thérapies comportementales sont l’une des options à privilégier pour préserver ou améliorer le contrôle des mictions. Mises en œuvre de préférence à l’initiative et sous la surveillance d’un professionnel de santé qualifié, ces comportements peuvent ensuite être poursuivis et pratiqués par la personne au domicile. Cette approche comportementale de la continence se concentre sur l’amélioration du contrôle de la vessie en modifiant les habitudes et les conditions des mictions et sur la vidange de la vessie, notamment par les exercices musculaires du plancher pelvien.
Ainsi, comme on parle d’autosurveillance de la glycémie chez le patient diabétique, on peut parler d’autosurveillance mictionnelle chez le patient incontinent. Et de la même manière que la prise en charge du diabète passe par une approche diététique et plus largement de mode de vie, la thérapie comportementale de l’incontinence passe par des changements de mode de vie multiples, adaptés aux symptômes individuels de chacun. Ainsi, les thérapies comportementales de l’incontinence pourront comporter :
- l’autosurveillance avec un journal des mictions,
- les exercices d’entraînement musculaire du plancher pelvien,
- les exercices de contraction musculaire volontaire du plancher pelvien pour l’occlusion urétrale,
- les stratégies comportementales de lutte contre l’impériosité et l’urgence,
- une gestion des fluides et des apports alimentaires pour éviter les agents irritants pour la vessie (dont la caféine) et prévenir la constipation,
- et d’autres changements de mode de vie, dont la perte de poids.
Les interventions comportementales qui présentant le plus de preuves d’efficacité sont
- la formation musculaire du plancher pelvien,
- la formation à l’inhibition du besoin qui permet au patient de différer ou de faire disparaître l’envie d’uriner (toujours par contraction volontaire des muscles du plancher pelvien),
- et la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) comportant l’analyse des symptômes, la proposition de modifications des comportements et l’apprentissage de techniques d’autocontrôle émotionnel.
Si chacun de ces programmes présente une caractéristique centrale spécifique, tous sont basés sur un ensemble de paramètres.
Les preuves d’efficacité de ces interventions comportementales à réduire les symptômes d’incontinence, sont étayées dans plusieurs revues systématiques. Enfin, ces interventions sont recommandées comme thérapies de première ligne par plusieurs les groupes de consensus et sociétés savantes en urologie.
L’adhésion du patient passe par son éducation
La plupart des thérapies comportementales nécessitent l’engagement actif du patient. La théorie cognitive sociale soutient que les patients adopteront ces nouveaux comportements s’ils croient pouvoir les adopter et s’ils croient à leurs bénéfices. Ainsi, tout programme comportemental débute par l’éducation du patient qui doit être en mesure de comprendre sa condition, son étiologie, le processus de traitement et les objectifs thérapeutiques.
L’éducation des patients comprend une explication de l’anatomie de la vessie et du plancher pelvien, de leur fonctionnement normal et des causes et mécanismes de l’incontinence urinaire. Les patients doivent également comprendre l’importance de leur rôle dans le processus et la réussite du traitement et donc participer à la discussion portant sur les différentes options de traitement pertinentes. Cela permet aux patients de vérifier leur capacité à modifier en fonction leurs habitudes, à apprendre de nouvelles compétences et à se préparer à s’engager dans le processus. Il est essentiel pour les patients de comprendre que leurs résultats thérapeutiques dépendront de leur participation active et de leur adhésion au quotidien.
La continence passe par le mode de vie
Chez les personnes victimes de fuites, certains facteurs de mode de vie revêtent une importance toute particulière et de petites modifications peuvent combinées à une intervention comportementale, comme les exercices musculaires du plancher pelvien ou une thérapie de suppression d’urgence, améliorer la continence de manière significative. Ces petits changements de mode de vie comprennent une bonne gestion des fluides, la réduction de la caféine et d’autres irritants de la vessie, le contrôle du poids et la prévention de la constipation.
- Une bonne gestion des fluides : des changements dans le volume ou le moment de l’absorption des liquides, recommandés par de nombreux cliniciens peuvent faciliter le contrôle de la vessie. En particulier, chez les personnes qui consomment un volume inutilement élevé de fluide (par exemple> 2100 ml par 24 heures), la réduction des liquides en excès peut soulager les problèmes de trop plein de la vessie et d’urgenturie. À l’inverse, de nombreuses femmes souffrant d’une incontinence tentent de s’auto-gérer en limitant leur consommation globale de liquides ou en ne buvant pas à des moments particuliers. Cette consommation parfois insuffisante de liquides expose au risque de déshydratation. Chez ces personnes, l’augmentation raisonnable de l’apport en liquide permettra de diluer l’urine, moins irritante pour la vessie. Enfin, plus généralement, la réduction de l’apport de fluide en soirée peut être opportune pour réduire la nycturie.
- Réduire la caféine : en plus d’être un diurétique, la caféine peut avoir un effet irritant pour la vessie. Les études urodynamiques ont montré que la caféine augmente la pression du détrusor (muscle lisse situé dans la paroi de la vessie) et peut ainsi être un facteur de risque de vessie hyperactive. La réduction de la consommation de caféine permet de réduire les épisodes de stress et d’incontinence d’urgence. Pour les buveurs invétérés de café, s’en passer durant quelques jours à titre expérimental, peut permettre d’en réaliser les avantages sur la continence.
- Eliminer les agents irritants pour la vessie : un certain nombre de substances alimentaires ont été identifiées irritantes dont les édulcorants (en particulier l’aspartame), les agrumes, les aliments épicés et les produits à base de tomate. Bien qu’il existe peu de preuves scientifiques sur les effets de ces substances sur la vessie, de nombreux cliniciens recommandent aux personnes incontinentes d’éliminer ces nutriments de leur régime alimentaire.
- Prévenir la constipation : la constipation est un facteur bien connu d’incontinence urinaire, en particulier chez les personnes. Dans ses formes sévères, la constipation peut entraîner une vidange incomplète de la vessie et une incontinence. La constipation est aussi un facteur de vessie hyperactive. Mieux « gérer l’intestin par un apport normal de fluide et de fibres -ou éventuellement par des lavements- peut aussi contribuer à réduire les symptômes de l’incontinence.
- Contrôler son poids : on sait que l’obésité est un facteur de risque d’incontinence urinaire (incidence et sévérité) chez les femmes et que chaque augmentation de l’indice de masse corporelle (IMC) augmente le risque de fuites quotidiennes. Même une réduction de 5% du poids corporel peut « réduire » l’incontinence de manière significative. Parce qu’une perte de poids modérée est un objectif réalisable pour de nombreuses femmes en surpoids, la perte de poids peut être recommandée en tant que composante d’une intervention comportementale chez les femmes en surpoids avec incontinence.
Tous ces comportements ne nécessitent pas d’équipement particulier mais exigent l’engagement actif et continu du patient. Et s’ils ne permettent pas toujours de rétablir une continence parfaite, la littérature leur attribue des améliorations significatives. Ces interventions comportementales sont sûres et réversibles et peuvent donc être recommandées comme approches de première intention pour le traitement de l’incontinence urinaire.
Source: The Global Library of Women’s Medicine DOI 10.3843/GLOWM.10484 Lifestyle and Behavioral Therapies for Urinary Incontinence
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