Toujours utilisé comme un outil de dépistage de masse en France, le dosage du PSA entraîne immanquablement toujours surdiagnostics, et surtraitements de cancers de la prostate non évolutifs. Cette nouvelle analyse, proposée par l’Institut de veille sanitaire dans son bulletin hebdomadaire (BEH) du 1er avril, appelle à un recours au dépistage par décision individuelle, selon le niveau de risque du patient, et conformément aux dernières recommandations de la Haute Autorité de Santé. C’est donc un appel à une réévaluation des pratiques, destiné, en particulier aux médecins généralistes.
Cette étude menée sur les données issues du système national d'information de l'assurance maladie de près de 11 millions d'hommes de 40 ans et plus, a évalué les fréquences des tests PSA (dosage de l'antigène spécifique de la prostate), des biopsies et l'incidence des cancers de la prostate nouvellement pris en charge, ainsi que les traitements et leurs complications.
L'analyse montre que le test PSA en France correspond toujours à un dépistage de masse, contrairement aux récentes recommandations de la Haute Autorité de santé. Ainsi, en 2011, environ 30% des hommes sans cancer de la prostate ont eu au moins un dosage du PSA, 0,5% une biopsie de la prostate et 0,4% un cancer nouvellement pris en charge.
Les médecins généralistes prescrivent 87% des tests.
Désormais, en fonction du niveau de risque et sur décision médecin-patient : Cependant, les dernières études, nombreuses et parfois controversées autour du dépistage systématique, le débat ces dernières années, amorcé par l'U.S. Preventive Services Task Force (USPSTF), sur le surdiagnostic du cancer ont conduit les autorités sanitaires françaises, à considérer que le bénéfice, en termes de réduction de mortalité globale, d'un dépistage systématique par PSA sérique total n'était pas démontré. En 2012, la Haute Autorité de Santé a ainsi précisé les conditions, spécifiques, de pertinence d'un dépistage par PSA, après identification des facteurs de risque. Sur la base de ces critères, seuls les hommes à haut risque devraient subir ce dépistage par PSA. Le test ne devrait donc plus être systématique et devrait faire l'objet d'une information du médecin, puis d'une décision médecin-patient.
En conclusion, le nombre de tests annuels PSA chez des hommes sans cancer de la prostate et sans hyperplasie bénigne de prostate (HBP) reste stable aux alentours de 30% et trop importante en France au regard des dernières recommandations. Pourtant, de 2007 à 2012, le nombre de prostatectomies a diminué, passant de 27.278 à 19.789, tout comme le nombre d'assurés en affection longue durée (ALD) pour cancer de la prostate. Par ailleurs, par croisement de données, l'analyse confirme une fréquence élevée des faux-positifs, déjà révélée et quantifiée à près de 10% par une récente étude de l'Inserm, ainsi que des sur-traitements. Au vu de la fréquence élevée des troubles urinaires et de l'érection après ce type de prise en charge et en particulier après prostatectomie, ces résultats appellent à nouveau à un recours plus mesuré au test et à une information plus précise au patient en amont de sa prise en charge.
InVS- BEH N° 9-10 1er avril 2014 Dépistage et diagnostic du cancer de la prostate et son traitement en France, selon le Sniiram (2009-2011)
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