Plusieurs études ont suggéré que la consommation de café peut être une cause d’aggravation voire de développement de l'incontinence urinaire ou de vessie hyperactive. Cette étude du fameux Institut Karolinska, menée sur 14.000 femmes et qui fait référence suggère le contraire. Ses conclusions publiées dans la revue BJORG, «An International of Obstetrics and Gynaecology », ont suggéré qu'une consommation raisonnable de café réduit, certes légèrement, le risque d'incontinence urinaire.
L'étude a porté sur 14.031 jumelles suédoises, recrutées à partir du registre des jumeaux suédois leurs habitudes de consommation de caféine et leurs symptômes d'incontinence urinaire. Toutes les jumelles nées entre 1959 et 1985 en Suède, soit 42.852 avaient été invitées à participer à un sondage en ligne pour dépister les maladies courantes et leurs facteurs de risque associés.
Café et risque réduit d'incontinence : L'analyse montre que la prévalence de l'incontinence chez les buveuses de café atteint 9% vs 6% chez les non-consommatrices, mais, qu'après ajustement avec les facteurs de confusion, comme l'âge, l'indice de masse corporelle, le tabagisme, et les antécédents de grossesse, le risque d'incontinence urinaire est réduit d'environ 22% chez les buveuses de café. Précisément, les femmes ayant une consommation élevée de café ont un risque plus faible de tous types d'incontinence urinaire (OR : 0,78, IC : 95%) par rapport aux femmes ne buvant pas de café. Les consommatrices de café ont tendance à être plus âgées et leur âge plus avancé explique en grande partie la prévalence plus élevée de l'incontinence.
Thé, idem, sauf en excès : Le même effet est également démontré avec le thé pourtant généralement associé à la vessie hyperactive, mais associé ici à une prévalence moindre de l'incontinence, une fois les facteurs de confusion pris en compte (en particulier par comparaison entre jumelles). Cependant, lorsque la consommation devient excessive (plus de 5 tasses par jour), elle spécifiquement associée à un risque accru de 34% de vessie hyperactive (OR 1,34, IC : 95%) et de nycturie (OR : 1,18).
Attention aux boissons diurétiques ! Giorgio Tettamanti, chercheur à l'Institut Karolinska et auteur principal de l'étude, rappelle néanmoins que certaines boissons ou aliments favorisent l'inflammation de la vessie et peuvent accroître le risque d'incontinence, et que c'est le cas du thé, du café ou des boissons gazeuses en excès. Ainsi, la caféine est un diurétique et augmente l'envie d'uriner. Rappelons une étude récente publiée dans le British Medical Journal qui alertait sur les effets de distension vésicale, avec des apports liquidiens supérieurs à 2 litres par jour et sur des écarts entre 2 mictions supérieurs à 4 heures.
L'alcool, également, tout comme médicaments à indications directement diurétiques, mais aussi certains médicaments cardiaques, contre le rhume et certains antidépresseurs.
L'auteur ajoute que toutes ces boissons, dont le thé et le café, contribuent aussi simplement à remplir la vessie, et qu'a contrario, la restriction hydrique peut entraîner la constipation, un trouble gênant chez les patients âgés plus susceptibles de souffrir d'incontinence urinaire. TENA, spécialiste de l'incontinence, dans ses Conseils et astuces pour mieux vivre avec des fuites urinaires, conseille de continuer à boire normalement, en fonction de sa soif.
Mais, contrairement aux idées reçues, le café et le thé, consommés en quantités raisonnables, ont un effet très limité sur les symptômes de l'incontinence urinaire.
Source: BJORG An International of Obstetrics and Gynaecology DOI: 10.1111/j.1471-0528.2011.02930.x Effects of coffee and tea consumption on urinary incontinence in female twins (Vignette TENA, visuel © Karramba Production – Fotolia.com)
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