Une femme sur deux présentera une infection urinaire au cours de sa vie. En France, chaque année, environ une femme sur dix développe une infection urinaire. 20% de ces femmes connaissent un nouvel épisode, puis une femme sur 3 encore un nouvel épisode (1). L’infection urinaire récidivante touche ainsi un grand nombre de femmes avec des conséquences sévères sur la qualité de vie et dans certains cas des complications. Une prise en charge médicale rapide est donc essentielle.
Les infections récurrentes des voies urinaires sont l'un des problèmes les plus couramment pris en charge dans les services d’urologie. C’est également le deuxième motif de consultation, après les infections respiratoires.
De récentes recherches suggèrent que les infections urinaires à répétition devraient être considérées comme une pathologie spécifique, différente de l’infection isolée.
L’infection urinaire est une maladie complexe, avec différents degrés de sévérité, des symptomatologies variables et des complications multiples. Que ce soit lors d’un premier épisode ou en cas d’infections urinaires fréquentes ou récidivantes, il est donc encore une fois indispensable de consulter afin d’être orienté par le médecin vers une prise en charge adaptée. Certains types d’infection urinaire à risque élevé de complications vont même nécessiter une prise en charge multidisciplinaire (2).
A partir de quand considère-t-on qu’il y a récidive ?
En cas de survenue d'au moins 3 ou 4 épisodes au cours des 6 à 12 derniers mois (selon les Sociétés savantes et les études) (3, 4).
Quels facteurs ?
La pathogenèse des infections urinaires récurrentes pourrait combiner 2 mécanismes principaux :
- des facteurs bactériens, notamment la survie des bactéries (E. coli notamment) dans la vessie après un traitement antibiotique et leur regroupement sous forme de communautés bactériennes intracellulaires ;
- des déficiences dans la défense immunitaire de l'hôte, dont un défaut de reconnaissance des pathogènes et une altération de la fonction de barrière urothéliale. Ainsi, l'immunodéficience et les anomalies anatomiques du tractus urogénital sont aujourd’hui considérées comme des facteurs majeurs de risque des infections urinaires récurrentes.
- Ménopause, troubles de la continence et infections urinaires récurrentes : chez les femmes par ailleurs en bonne santé, les troubles de la miction augmentent également le risque d'infection urinaire récurrente. Les rapports sexuels et la carence en œstrogènes chez les femmes ménopausées sont par ailleurs fortement associés avec des infections urinaires récurrentes. Enfin, certains facteurs organiques dont la faible longueur de l’urèthre ou l’existence d’un prolapsus peuvent accroître le risque d’infection et de récidive.
- Le mode de vie dont l'apport hydrique et l'alimentation peut également être en cause, même si ces déterminants environnementaux ne sont plus considérés comme des facteurs de risque indépendants. Ainsi, le volume du flux urinaire qui dépend de la consommation de liquides, joue un rôle clé dans l’élimination des micro-organismes présents dans l’urine. De même la constipation peut favoriser la survenue d’épisodes d’infection urinaire.
Comment détecter un terrain vulnérable aux infections urinaires récurrentes ? Au-delà des antécédents et des examens de première intention ( bandelette urinaire (BU) et examen cytobactériologique des urines (ECBU), les études récentes désignent certains facteurs de croissance (dont le facteur sérique de stimulation des colonies de macrophages (M-CSF) et le facteur urinaire de croissance des nerfs (NGF)) comme prédictifs du risque d’infection récurrente (5).
Alors, comment éviter la récidive ?
Si le traitement de l’infection urinaire récidivante est identique à celui d’une infection simple et comprend en général une antibiothérapie, en cas de récidive, une éducation du patient (ETP) et des mesures de prévention s’imposent.
Alors que l’ETP va permettre d’éliminer les facteurs environnementaux évitables dont des mesures hygiéno-diététiques, la prévention pourra inclure un traitement pharmacologique, antibiotique ou non-antibiotique. Parmi les traitements non-antibiotiques, les cranberries (ou canneberges) peuvent être proposées -sous forme de capsules, jus, sirops, gélules et comprimés- cependant leur efficacité reste très discutée (6,7).
Les estrogènes en application locale sont également proposés en prévention de certaines cystites récidivantes chez les femmes ménopausées.
L’antibioprophylaxie peut également être prescrite en cas de récidives fréquentes.
L’infection urinaire n’est donc pas une affection anodine mais une maladie complexe dont la prise en charge passe dans la grande majorité des cas par la prescription d'antibiotiques. La démarche thérapeutique est elle-même complexe et passe par une consultation médicale.
A l’heure de la téléconsultation et de la télémédecine et notamment lorsque l’infection urinaire est récurrente, prendre rdv avec un médecin en ligne constitue une solution rapide, pratique et adaptée. Il est aujourd’hui possible d’accéder en ligne à l’expertise d’équipes médicales pluridisciplinaires et d’obtenir des conseils éclairés sur les pathologies les plus courantes.
Biblio:
- Inserm 2016 Epidémiologie des infections urinaires
- AFU (Association française d’Urologie) Infections urinaires de l’enfant et de l’adulte
- SPILF (Société de pathologie infectieuse de langue française) 2015 Diagnostic et antibiothérapie des infection urinaires communautaires
- Cochrane 2015 Interventions pour la prévention des infections urinaires récidivantes au cours de la grossesse
- Tzu Chi Medical Journal 2017 DOI : 10.4103/tcmj.tcmj_53_17 Recent advances in recurrent urinary tract infection from pathogenesis and biomarkers to prevention
- Cochrane Database Syst Rev 2004 Cranberries for preventing urinary tract infections.
- American Journal of Clinical Nutrition June 2016 doi: 10.3945/ajcn.116.130542 Consumption of a cranberry juice beverage lowered the number of clinical urinary tract infection episodes in women with a recent history of urinary tract infection