La thérapie par testostérone, à long terme, est couramment utilisée chez les hommes atteints d’hypogonadisme -ou d’autres troubles liés à de trop faibles niveaux d’hormone. Cette nouvelle étude, présentée dans le Journal of Urology a regardé précisément, à partir de 3 registres indépendants, les effets d’un tel traitement sur le risque de cancer de la prostate.
La testostérone est une hormone essentielle à la croissance et au développement des caractéristiques masculines. Une déficience peut entraîner une perte de densité osseuse ou de masse musculaire et une baisse de libido. Ainsi, les traitements approuvés à base de testostérone sont prescrits en cas de faibles niveaux de testostérone liés à une production insuffisante ou une baisse de production généralement liée à l’âge, ou pour des causes génétiques ou en raison d’une chimiothérapie. Ces traitements existent sous plusieurs formulations, gel topique, transdermique, sous forme de lyophilisat oral ou injection et des millions d’hommes prennent des traitements à base de testostérone.
Certes il n’existe à ce jour aucune preuve que la thérapie par testostérone augmente le risque de cancer de la prostate mais, depuis « des décennies », écrivent les auteurs, certains experts suggèrent que la testostérone serait une sorte de « carburant » pour le cancer de la prostate. On peut juste citer cette étude récente de l’Université pontificale catholique du Chili, présentée dans le British Journal of Urology International qui suggère d’utiliser les niveaux de testostérone libres tel un marqueur, afin de détecter les patients à cancer lent mais à risque d’aggravation.
Cependant, les preuves sont plutôt en faveur de l’absence de relation entre la testostérone et un risque accru de développer un cancer de la prostate. Pourtant, explique le Dr Ahmad Haider, urologue, co-auteur de l’étude, malgré l’absence de preuves d’association, de nombreux patients craignent le traitement et le scepticisme est toujours de mise dans la communauté médicale.
Pas de risque accru de cancer : Afin de trancher ce débat, les chercheurs ont analysé les données de 3 études prospectives en cours, indépendantes, portant au total sur 1.023 hommes (cohorte 1 : n=261, cohorte 2 : n=340 et cohorte 3 : n=422), traités pour hypogonadisme et suivis durant 17 ans.
Leur analyse confirme la sécurité de la thérapie chez ces patients et l’absence d’augmentation du risque de cancer :
· Cohorte 1 : Le taux de diagnostic de cancer de la prostate est de 2,3%
· Cohorte 2 : 1,5%
· Cohorte 3 : 0
· L’incidence pour 10.000 années-patients dans les cohortes 1 et 2 est respectivement de 54,4 et 30,7, soit bien inférieure à l’incidence de 116 rapportée par la grande étude PLCO (Prostate, Lung, Colorectal, and Ovarian Cancer Screening Trial) ainsi qu’à l’incidence rapportée, soit 96,6, par l’étude ERSPC (European Randomized Study of Screening for Prostate Cancer).
Les auteurs concluent donc à la sécurité de la thérapie par testostérone, dans le traitement de l’hypogonadisme.
Source: The Journal of Urology June 26, 2014 DOI: org/10.1016/j.juro.2014.06.071 Incidence of Prostate Cancer in Hypogonadal Men Receiving Testosterone Therapy: Observations from 5-Year Median Followup of 3 Registries
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