Sa prévalence resta longtemps sous-estimée et méconnue. Sa fréquence reste toujours difficile à estimer. Sa définition reste parfois imprécise, pourtant ses conséquences sociales, psychologiques et financières font de l’incontinence, un fardeau croissant de Santé Publique. Le sujet reste tabou, en particulier lorsqu’il s’agit d’incontinence anale. Il existe pourtant aujourd’hui de nombreux traitements, médicaments, rééducation ou chirurgie et un grand choix de protections, adaptées à chaque niveau d’incontinence et à chaque morphologie. Point physiologique sur ces troubles de la miction qui touchent des millions de Français.
Si la prévalence de l'incontinence anale reste peu précise, estimée aux alentours de 1% en population générale, tous âges confondus, l'incontinence urinaire est reconnue aujourd'hui comme une maladie fréquente qui concerne plus de 20 % des femmes de tous âges et entre 3 à 15% des hommes, selon l'âge et la situation clinique. Chez la femme, l'incontinence urinaire augmente aussi avec l'âge pour atteindre 46 % dans la tranche d'âge 51-70 ans. Il existe de nombreux types d'incontinence, d'où l'importance du diagnostic qui permettra d'orienter le patient vers le meilleur traitement et, dans l'attente, vers des palliatifs adaptés.
Un peu de physiologie de la miction
La vessie recueille l'urine venant des uretères et la retient entre deux mictions.
– Lors de la miction, l'urine est évacuée par l'urètre.
– L'évacuation de l'urine est contrôlée par des sphincters situés à la base de la vessie et dans la paroi de l'urètre.
– Le tonus de ces sphincters est habituellement suffisant pour éviter toute perte involontaire d'urine.
– Au moment d'uriner, ces sphincters se relâchent et l'urine peut donc passer dans l'urètre, alors que le muscle de la vessie se contracte en même temps pour évacuer l'urine.
– Une fois vidée, la vessie se relâche et le sphincter se contracte pour retenir l'urine et commencer un nouveau remplissage.
L'urine produite par les reins s'écoule dans la vessie par les uretères.
– Quand la vessie se remplit et atteint sa capacité maximale normale d'environ 300ml, les nerfs situés dans la paroi de la vessie envoient un signal à la moelle épinière et au cerveau.
– Le cerveau agit sur le fonctionnement de la vessie par le système cholinergique. Jusqu'à un certain volume, la vessie peut se remplir en adaptant sa capacité au volume d'urine, sans augmentation de la pression intra vésicale. Au-delà d'un certain volume, la vessie distendue envoie un signal au système nerveux central qui va commander les muscles de la vessie et des sphincters de l'urètre. Cette commande va générer la miction ou la retarder en fonction des circonstances.
La miction est ainsi le résultat d'une contraction du muscle vésical (le détrusor) associée à une relaxation du sphincter urétral qui s'ouvre laissant s'écouler les urines par l'urètre. Cette commande est automatique et non contrôlée. Plus bas dans l'urètre, juste au-dessous de la prostate, le sphincter externe est contrôlé. C'est ce sphincter qui peut permettre le blocage de la miction et « de se retenir ».
Les conditions de la continence
Si la continence, en particulier chez la femme, est un mécanisme complexe qui résulte du fonctionnement coordonné d'un ensemble d'éléments, sur un plan physiologique, ses conditions sont simples:
· Une vessie normale, de capacité suffisante, avec une pression suffisante pour fermer l'urètre, un urètre en position normale avec une résistance adéquate. Cette force de résistance de l'urètre est due pour moitié au sphincter lisse et pour moitié au sphincter strié de l'urètre moyen.
· Une adaptation normale de la pression urétrale aux contraintes de pression abdominale (toux, effort…).
L'incontinence urinaire, ça commence où ?
L'incontinence urinaire est définie comme étant « toute perte involontaire d'urine » quelles que soient les personnes concernées, hommes, femmes, enfants, personnes âgées, les circonstances et la quantité … Ainsi, les troubles mictionnels comprennent non seulement l'incontinence urinaire, mais aussi l'hyperactivité vésicale et la rétention urinaire chronique qui peuvent parfois être accompagnées de fuites urinaires.
Alors que certains patients considèrent que des pertes urinaires de quelques gouttes sont normales et pensent ne pas avoir de fuite et encore moins être incontinent, les fuites doivent être prises médicalement en compte quelle que soit la quantité des urines qui ne se retrouvent pas dans la cuvette des toilettes ! Partout ailleurs, on peut parler de fuite et donc d'incontinence, et le patient ne doit pas hésiter à consulter.
La nécessité d'aller consulter : La consultation, l'interrogatoire, les examens cliniques permettront de définir ce que sont des fuites urinaires. Si certains patients ne considèrent pas les pertes minimes comme des fuites, le diagnostic et le pronostic urinaire permettront de préciser le traitement des incontinences qui varie selon le type :
– l'incontinence urinaire d'effort ;
– l'incontinence urinaire par hyperactivité ou instabilité vésicale ;
– l'incontinence urinaire mixte associant l'incontinence d'effort et l'instabilité vésicale ;
– l'incontinence urinaire par regorgement, dans le cadre de rétention chronique incomplète d'urine ;
– l'incontinence sur vessie neurologique ;
– l'incontinence totale et l'incontinence par traumatisme.
Certains types d'incontinence sont associés à de mauvaises habitudes mictionnelles qui peuvent être modifiées ou à des troubles vésicaux, qu'il est impératif de traiter avant tout autre traitement de l'incontinence. La prise en charge de l'incontinence urinaire nécessiter le recours à des protections qui représentent la solution palliative habituelle. Le choix de ces protections, si bien adapté au niveau et type d'incontinence, au mode de vie et à la morphologie du sujet peut également contribuer à garantir sa qualité de vie et réduire son angoisse, dans l'attente d'une prise en charge thérapeutique.
Source/auteur: Dr Richard Matis, Gynécologue-obstétricien, Groupe Hospitalier de l'Institut Catholique de Lille (GHICL) et équipe de rédaction Santé log
Autres sources d'informations sur l'incontinence et la consultation chez le médecin :