Une femme développera au moins une infection urinaire au cours de sa vie et les infections urinaires restent le premier motif de prescription d’antibiotiques chez les femmes. Ainsi, en France, l’incidence annuelle des infections urinaires atteint 3,2%, l’incidence ses infections urinaires à E. coli résistant aux fluoroquinolones dépassant 1 ‰. Cette étude qualitative, menée au Cedars-Sinai Medical Center (Los Angeles) révèle à la fois l’insatisfaction des patientes touchées sur les traitements disponibles, l'absence d'écoute des soignants, et le trop fréquent sentiment de culpabilité qui les habite alors.
De nombreuses femmes « se sentent coupables »
de souffrir d’infection urinaire, écrivent les chercheurs californiens, en particulier les femmes qui souffrent d'infections urinaires récurrentes. Les infections urinaires peuvent toucher n’importe quelle partie des voies urinaires, y compris les reins, les uretères, la vessie ou l'urètre. Le terme est le plus couramment utilisé pour décrire une infection de la vessie. Les patientes qui en sont atteintes, a fortiori de manière récurrente, ne sont pas satisfaites des options de gestion, trop limitées. Elles ne sont pas plus satisfaites de l’écoute, décrite comme insuffisante, des médecins et professionnels de santé.
L’auteur principal, le Dr Victoria Scott, MD, urologue au Female Pelvic Medicine et Reconstructive Surgery clinic au Cedars-Sinai explique avoir été motivée par ce grand nombre de patientes, arrivant en consultation, avec un sentiment de désespoir et d’impuissance face à la gestion de la condition.
Donner la parole aux femmes qui souffrent d'infections urinaires récurrentes,
c’est ainsi le premier objectif de cette étude qualitative, menée par groupe de discussion avec 29 femmes développant des infections urinaires récurrentes. L’autre objectif était de mieux cerner les lacunes des protocoles de soins actuels. Parmi les préoccupations majeures qui émergent de l’étude :
- la prescription fréquente voire systématique d'antibiotiques et les craintes des effets indésirables potentiels et à long terme des médicaments ;
- leur inefficacité, dans de nombreux cas, à prévenir la récurrence de ces infections ;
- la crainte du risque de développement d’une résistance bactérienne aux antibiotiques ;
- la crainte également de « dommages collatéraux » des antibiotiques en particulier de leur impact négatif sur les « bonnes bactéries » du microbiote ;
- le manque de protocoles pour une gestion plus efficace de ces infections, un manque de connaissance de ce type d’infection dans les systèmes de soins et finalement, des efforts de recherche trop limités pour étudier de nouvelles stratégies de gestion non antibiotiques.
L’expression d’une frustration et d’un ressentiment envers les professionnels de santé : les patientes « reprochent » aux professionnels de leur « jeter des antibiotiques » sans leur proposer, jamais d'autres options de traitement et de prévention. Les patientes décrivent leurs expériences avec ces infections récurrentes comme mal comprises et mal prises en compte par les personnels de santé.
- Enfin, de nombreuses patientes confient s’être tournées vers d’autres types de médecines, naturelles, ou rechercher d’autres options via des forums de discussion en ligne par exemple.
D'autres options ? Si les études montrent que les antibiotiques sont souvent l'option de traitement la plus efficace pour les infections des voies urinaires, la recherche montre également que :
- jusqu'à 40 % des infections de la vessie pourraient être gérées avec des mesures hors prescription, dont une augmentation de la consommation d'eau et le recours ponctuel aux analgésiques tels que l'ibuprofène ;
- attendre les résultats des tests d'urine pourrait également éviter le recours parfois inutile aux antibiotiques ;
- une bonne hydratation, les suppléments à base de cranberries, ou encore l’utilisation d’œstrogènes vaginaux pour les femmes ménopausées, peuvent également réduire le risque de récurrence, soulignent les auteurs ;
- consulter un médecin en cas de fièvre ou si les symptômes persistent au-delà d'une journée, reste impératif, car l'antibiothérapie peut être cruciale et éviter la propagation de l’infection de la vessie jusqu’aux reins : « Dans certains cas, les antibiotiques restent absolument nécessaires, mais cela n’exclut pas que les femmes soient informées sur toutes les options ».
- Enfin, les femmes qui souffrent d'infections urinaires récurrentes doivent consulter pour une évaluation par un spécialiste. Dans certains cas, ces patientes auront besoin d’une échographie rénale ou d'une cystoscopie afin d'éliminer les anomalies anatomiques. Les hommes aussi, car ils peuvent, avec une incidence bien plus faible, également souffrir d'infections urinaires.
Un seul épisode d'infection suffit : il ressort de l’étude qu’une seule infection urinaire peut déjà avoir un impact significatif sur la vie d'une patiente. La récurrence, souvent sans « prévenir » entraîne quant à elle des conséquences à long terme sur la vie sociale, le travail, les familles et les relations.
« Nous voyons de nombreuses femmes se reprocher d'avoir développé des infections urinaires. Il est important de comprendre que les infections urinaires sont un problème très courant et ne devraient pas provoquer la honte chez ces patientes. C’est le rôle du médecin d’expliquer qu’il existe des stratégies de prévention et de gestion individualisées ».
Source: The Journal of Urology Sept, 2021 DOI: 10.1097/JU.0000000000001843 Fear and Frustration among Women with Recurrent Urinary Tract Infections: Findings from Patient Focus Groups
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